Les limites du microcrédit

L’Assemblée générale des Nations unies a proclamé 2016 Année internationale du microcrédit, afin de saluer la contribution du microcrédit dans l’allègement de la pauvreté. Certains s'insurgent toutefois contre l’empiètement du microcrédit sur des services habituellement réservés à l’Etat... Voir la suite. Par exemple : la capacité à payer une inscription de ses enfants à l’école pourrait être liée à une bonne gestion de son portefeuille de crédit. Est-il imaginable que les services publics cohabitent avec le microcrédit ? Ou la montée en puissance du microcrédit signifie-t-elle l’inexorable disparition des services publics dans de nombreux pays du Sud ? Les politiques d’ajustement structurel ont provoqué un important désengagement de l’Etat. Le vacuum laissé par l’Etat ouvre la porte aux solutions individualistes. On peut être en désaccord avec ceux qui annoncent, a priori, qu’il n’existe plus d’institutions publiques ou sociales et incitent à recourir à l’endettement pour réduire la pauvreté et améliorer l’« empowerment » des femmes...

Faire table rase du passé d’un pays, faire semblant que la pauvreté est un « état naturel », notamment pour les femmes, parait une attitude tout à fait inacceptable. Il faut toujours commencer par se demander ce qui rend ces femmes « pauvres ». Il faut réaffirmer la responsabilité publique dans des domaines comme la santé et l’éducation. Il faut faire un diagnostic, pays par pays, de ce qui existe encore et reconstruire les services publics.

 

 

 

 

 

Un bon libéral dira que les expériences du passé, les indépendances, les décolonisations, n’ont pas réussi ; que les périodes socialistes dans les pays nouvellement indépendants ont été un échec total qui les a plongés dans la pauvreté. Il estimera qu’il faut redémarrer de nouvelles opportunités pour ces pays dans le cadre d’une idéologie de marché qui peut amener les gens à avoir accès à des services de meilleure qualité que ceux garantis par l’Etat. Or, c’est d’une mauvaise foi totale. Dans le cas du Bangladesh, la vérité est tout simplement qu’on a fermé des usines de jute, chassé des paysans pauvres de leur terre pour venir leur dire par la suite qu’ils peuvent emprunter de l’argent afin de se lancer dans de la production artisanale.